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commença à écrire ses Lettres en vers, qu’il adressait à sa bienfaitrice le samedi ou le dimanche, et qu’il continua jusqu’au commencement de 1665 avec une régularité qui ne s’est pas une seule fois démentie, ne se donnant de répit que la semaine sainte, où il faisait relâche pour vaquer à ses dévotions. Et vraiment quand on sait comment s’enfantent les grands projets, combien, pour la plupart, le développement en est long et pénible, on estime fort notre gazetier, qui dès le premier jour donna à sa publication l’étendue, la forme, la périodicité, qu’il lui conserva imperturbablement pendant quinze années, sans collaborateurs, et, peut-être même à cause de cela, sans variations ni interruptions.

« Lorsqu’il prit résolution de paraître un peu dans le monde, lit-on dans le discours que nous avons déjà cité, comme il se plaisait naturellement à la poésie, il se mit à écrire en vers ce qui se passait chaque semaine, et il le faisait assez heureusement pour divertir ceux à qui cela pouvait être communiqué. Ce n’était toutefois que pour plaire à une grande princesse et à un petit nombre de personnes de sa confidence qui méritaient que l’on eût soin de leur agréer ; tellement qu’il ne se faisait qu’une copie de son ouvrage, qui était lue devant ceux qui la voulaient écouter, ou qui passait en diverses mains. La curiosité de quelques gens fut cause que l’on en fit bientôt plusieurs autres copies manus-