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Quand nous avons dit que, de tous les essais de journaux faits pendant la Fronde, aucun n’avait eu de consistance réelle, aucun n’avait survécu, nous réservions dans notre pensée une petite gazette qui prit bien naissance au sein de la Fronde, mais qui n’en procédait pas directement, et se distinguait de la multitude des Mazarinades par un caractère à elle propre : nous voulons parler de la Muse historique de Loret, gazette burlesque et en vers, comme il convenait au temps, mais qui n’en est pas moins la patronne de ces chroniques parisiennes dont on a depuis tant usé et abusé.


La Muse historique de Loret, après avoir joui, dans sa nouveauté, d’une très-grande vogue, est demeurée pendant deux siècles dans un complet oubli, dont elle méritait bien qu’on la tirât. Les causeries hebdomadaires du poète courtisan de mademoiselle de Longueville n’ont pas, je le veux bien, la valeur de certaines causeries d’aujourd’hui ; mais pourtant un recueil dans lequel sont consignés tous les faits remarquables, politiques et littéraires, tous les bruits de la ville et de la cour, pour une période de quinze années, remplie d’événements de toute nature, une gazette qui a eu le singulier privilége d’intéresser pendant aussi longtemps la société la plus polie et la plus éclairée, ne saurait manquer d’avoir une grande importance historique, et devait être comprise une