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communes contre ce pouvoir nouveau, qui exerçait sur elles une surveillance importune et leur disputait la direction de l’opinion publique, malgré les impôts dont on l’a surchargée, dans l’intention avouée de la tuer, impôt du timbre, impôt sur les annonces, impôt sur le papier, elle n’a cessé de grandir en influence et en autorité. Elle n’a pourtant pas complétement triomphé dans sa lutte avec les communes. Aujourd’hui encore les journaux anglais n’ont pas le droit de publier les débats du Parlement ; s’ils le font — et on sait avec quel développement, — c’est grâce uniquement à la tolérance des deux Chambres, et non en vertu d’un droit reconnu et incontestable. Un des premiers actes du gouvernement des Stuarts avait été d’interdire la publication des débats du Parlement. Quand le pouvoir fut passé à la Chambre des communes, cette Assemblée, qui avait fait un crime aux Stuarts de leur Chambre étoilée et de leurs persécutions contre la presse, refusa de subir à son tour ce contrôle de la publicité qu’elle avait elle-même imposé à la royauté ; elle se transforma en une véritable Chambre étoilée pour venger ses propres injures. Toute allusion à ses débats intérieurs, toute réflexion sur les mesures votées par elle, devinrent des délits, punis par l’amende, l’emprisonnement, le pilori. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle elle maintint avec une extrême rigueur l’interdiction prononcée