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qui enregistre les nouvelles à mesure qu’elles arrivent, de deux commis, et d’une foule de cartons avec de grandes étiquettes. Une brave paysanne se présente au bureau de maître Cymbal et demande pour deux liards de nouvelles, afin d’en faire présent à son curé : on la prie d’attendre quelques instants, parce que, si elle était servie à la minute, le public pourrait croire qu’on fabrique les nouvelles, au lieu de les recueillir.

La même année, Shirley mettait en scène, dans les Ruses de l’Amour, la grande nouveauté du jour, et faisait un portrait peu flatteur des marchands de nouvelles. « Ces gens-là, dit-il, avec une heure devant eux, vous décriront une bataille, dans quelque coin de l’Europe que ce soit, et pourtant ils n’ont jamais mis le pied hors des tavernes. Ils vous dépeindront les villes, les fortifications, les généraux, les forces de l’ennemi ; ils vous diront ses alliés, ses mouvements de chaque jour. Un soldat ne peut pas perdre un cheveu de sa tête, ne peut pas recevoir une pauvre balle, sans avoir quelque page à ses trousses, format in-4o. Rien n’arrête ces gens-là, que le défaut de mémoire, et, s’ils n’ont point de contradicteur, ils ne tarissent pas… »

Cette scène de Shirley, que nous abrégeons, est une première édition, très-complète, de toutes les satires qu’on a faites depuis lors du journalisme.

Pendant longtemps les écrivains politiques dédai-