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mais qui s’explique assez difficilement lui-même, c’est le peu de faveur qui s’attachait, à cette époque et longtemps encore après, à la qualité de gazetier. Et, chose remarquable, il en fut de même en Angleterre. Hâtons-nous de dire cependant que la presse avait été plus heureuse chez nos voisins, et qu’elle y avait promptement grandi, à la faveur des troubles qui les divisaient. Ce n’est pas qu’elle n’eût rencontré de l’opposition et de puissants obstacles ; mais elle en avait triomphé avec cette tenacité qui est dans le caractère anglais. Les premiers journalistes se trouvèrent en face de la Chambre étoilée, qui fit si longtemps à la presse une guerre acharnée, employant contre les écrivains les supplices les plus cruels et les plus barbares. N’osant se permettre la moindre allusion à ce qui se passait en Angleterre, ils se bornaient à enregistrer les nouvelles de l’étranger, dans lesquelles la censure taillait à tort et à travers, et quelques petits faits amassés péniblement et au jour le jour, qu’ils donnaient tout secs, se gardant de toute réflexion, de tout commentaire, comme d’un délit qui aurait attiré sur eux les foudres du redoutable tribunal. À peine se hasardaient-ils à citer des noms propres, car il était arrivé plus d’une fois que de grands personnages avaient fait assommer des écrivains pour avoir parlé d’eux dans les gazettes.

Les mêmes faits, d’ailleurs, se produisirent en