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traduit même quelquefois, comme il a traduit le journal des fils de Renaudot. Toutefois Saint-Julien n’a garde d’être frondeur entêté et violent à l’égal de Du Portail. Les circonstances sont changées, et on sait déjà qu’il change volontiers avec les circonstances. Il n’est, non plus, ni mazarin autant que dans le Courrier burlesque de la guerre de Paris, ni parlementaire avec la même soumission que dans le Courrier français. La vieille Fronde est en train de se rapprocher du parti des princes ; elle n’a pas rompu tout à fait avec le cardinal Mazarin, mais elle travaille secrètement contre lui, elle intrigue dans le parlement et à la cour. Saint-Julien profite de cette attitude incertaine de ses maîtres pour jeter le ridicule sur les hommes et sur les événements de 1648 avec une liberté qui est presque de l’impartialité. Il se moque du duc d’Orléans et du vieux Broussel, de Gondi et de Mazarin, des orateurs du Palais et des héros de la rue. Jamais peut-être il n’a montré plus d’esprit et déployé plus de verve ; jamais son vers, plus souple et plus facile, n’a été néanmoins d’un meilleur burlesque. C’est sans contredit une des plus plaisantes pièces de la Fronde.

Citons un ou deux traits, les premiers que nous rencontrons. Le Parlement s’est prononcé pour l’Union :


L’an que l’autorité du roi
Se trouva courte dans les halles,