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aux petits, dit une Mazarinade que nous donnerons tout à l’heure, on ne parle d’affaires que par la Gazette. Les aisés les achètent et en font des recueils ; d’autres se contentent de les lire en payant des droits pour cette lecture, ou se cotisent entre eux pour l’avoir à moindres frais. » Aussi, dès les premiers jours du blocus, « les Parisiens, renfermés dans leurs murs, souffraient moins de la disette de pain que du manque de gazettes… Il semble que tout soit mort depuis que la Gazette n’existe plus ; l’on vit comme des bêtes, sans savoir ce qui se passe. »

Le Courrier français ne pouvait donc arriver plus à propos ; aussi son succès fut-il très-grand ; « le pain ne se vendait pas mieux ; l’on y courait comme au feu, l’on s’assommait pour en avoir ; les colporteurs donnaient des arrhes la veille, afin qu’ils en eussent des premiers ; on n’entendait, le vendredi, crier autre chose que le Courrier français, et cela rompait le cou à toutes les autres productions de l’esprit. » Il est vrai que ses rédacteurs étaient des gens habiles, les dignes fils de leur père ; et leur habileté leur était d’autant plus nécessaire, il leur était d’autant plus utile d’être « instruits de toutes les manigances qu’il fallait pratiquer, » qu’ils n’étaient pas des mieux renseignés, si l’on en croit Naudé. « Le Courrier de nouvelle invention, dit-il, qui se clabaude tous les matins, de