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et les déclarations du roi, pour les répandre et les faire connaître, le Cardinal avait l’intention d’accepter la lutte avec la Fronde sur le terrain de la publicité, d’opposer aux pamphlétaires ses écrivains, d’avoir, comme le Parlement et les généraux, ses pièces de polémique et ses feuilles volantes. Pour cela, le fondateur de la Gazette était bien l’homme qu’il lui fallait : rompu aux habitudes de la controverse, il connaissait à fond toutes les petites finesses, toutes les ruses du métier qu’il avait exercé le premier.

Si Renaudot convenait à la fonction, la fonction aussi convenait fort à Renaudot : elle devait nécessairement l’affermir dans la faveur de la reine, du Cardinal, de la Cour, et l’aider par conséquent à conserver, malgré l’instabilité des choses à cette époque, le privilége de la Gazette. Il n’eut donc garde de refuser. Mais quitter Paris, c’était laisser le champ libre à la concurrence ; le Parlement pouvait autoriser la publication d’un journal, breveter quelque écrivain qui consacrerait son savoir-faire à le défendre. La guerre finie, qui l’emporterait, du gazetier du Palais-Royal ou de celui du Palais de justice ? Mazarin pouvait rester le maître, sans doute ; mais il pouvait être sacrifié ; ou bien encore

    impér., vol. 33.) se trouve une adresse au peuple pour l’engager à ne pas se montrer hostile à la cour. À ce projet est joint un ordre du roi portant que Renaudot publiera cette pièce sans nom d’imprimeur, et la répandra sans nommer l’auteur.