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qu’apparemment le Cardinal ne faisait cas que des pamphlets publiés par lui-même, et qui, en effet, ne comprennent guère moins de cent feuillets. Sans doute ce n’est qu’avec une extrême réserve que doivent être accueillis les faits mis en avant dans ces écrits, la plupart anonymes et qui portent l’empreinte de la violence des haines de parti ; le plus souvent les jugements sur les personnes sont injustes, les relations des faits inexactes et passionnées. Cependant, nous le dirons avec M. de Sainte-Aulaire, c’est par l’examen attentif de ces pamphlets plus que par l’étude même des bons ouvrages qu’il est possible de se faire une idée exacte et de l’esprit général du temps, et de la politique des divers partis. Si ce n’est pas à titre d’historien qu’on peut interroger le pamphlet, surtout le pamphlet burlesque, dit M. Moreau, il est fort utile de l’entendre comme témoin. Il est toujours l’écho et bien souvent l’organe d’un parti ou d’un homme. Il a écrit en présence des événements, sous l’influence du sentiment et des idées qui prévalaient alors, et qu’il a traduits à sa manière, pour le succès des controverses qui passionnaient le public, et dans lesquelles il est entré avec son caractère de dénigrement sceptique et d’impudente bouffonnerie. Il a été l’instrument de toutes les rivalités, de toutes les jalousies, de toutes les haines ; il s’est prêté à toutes les passions comme à tous les inté-