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juillet 1655, Mazarin adresse au pape un factum intitulé : Mémoire des crimes sur lesquels le procès doit être fait au cardinal de Retz, et les pamphlets figurent au nombre des griefs dont il le charge : « Que ledit cardinal de Retz a été auteur de toutes les persécutions faites à monsieur le cardinal Mazarin, de tant de libelles infâmes contre son honneur et de tant d’arrêts contre son bien et sa vie, qu’il semble s’être rendu indigne de jouir des priviléges d’un caractère qu’il a si fort méprisé et outragé. »


Gondi, pour réussir plus sûrement à mettre l’abomination dans le ridicule, s’était choisi d’habiles auxiliaires. Il s’était entouré d’amis et de serviteurs, tels que Sarrazin, Marigny, Portal, Caumartin, et avait constitué au petit archevêché un comité de rédaction dont il était l’âme, et d’où partaient, avec un merveilleux à-propos et une incessante activité, des journaux, des pamphlets, des libelles de toute espèce. Dans cette association de gens d’esprit, Ménage, si nous en croyons la note de Mazarin que nous venons de citer, s’était chargé des gazettes. Ces papiers volants se passaient sous le manteau, dans les ruelles et dans les cercles, jusqu’au moment où, suivant leur mérite, quelque libraire s’en emparait et les livrait au public en feuilles imprimées.

C’étaient là les lutteurs les plus sérieux.