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Les uns ont été acteurs directs dans cette tragi-comédie, et la plume de ceux-là obéissait à une conviction personnelle ou aux exigences d’un parti.

Tel fut le cardinal de Retz, dont la nature remuante et aventureuse se plaisait au milieu de ces luttes, où son esprit brillait de toutes ses qualités. La presse, dont il avait bien vite compris la force et la portée, devait être un puissant moyen d’action dans des mains si hardies ; aussi le vit-on tout d’abord s’en servir comme d’une arme contre ses adversaires, et comme d’un marche-pied pour son ambition. Chacune de ses démarches avait un premier-Paris sous forme de Mazarinade. Ainsi, au retour de sa fameuse démarche à Compiègne, il écrit : « Il y eut dès le lendemain un libelle qui mit tous mes avantages dans leur jour. » Du reste, il convient lui-même, dans ses Mémoires, de sa participation à cette guerre de plume ; il se reconnaît l’auteur de plusieurs pamphlets et se vante d’avoir été l’instigateur d’un plus grand nombre. Ses aveux à ce sujet sont pleins d’une rare franchise. Parlant d’un pamphlet de Marigny qui avait produit un grand effet, il ajoute : « Je pris cet instant pour mettre l’abomination dans le ridicule, ce qui fait le

    rompit l’échelle en plusieurs morceaux, lança des pierres dans les vitres de l’Hôtel-de-Ville, et continua le bruit et le désordre dans la place jusqu’à 9 heures du soir. Selon Guy Joly et le cardinal de Retz, les libérateurs de Morlot étaient des garçons libraires ou imprimeurs.