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raient, imprimeraient, vendraient et débiteraient, pour les mettre ès mains des juges ordinaires, et même prêter main forte à ceux-ci en cas de nécessité. » Mais ce n’était pas assez que d’arrêter les coupables et de les juger. Un imprimeur avait été condamné deux fois, par le Châtelet et par le Parlement, à être pendu, pour avoir publié une pièce de vers très-injurieuse à l’honneur d’Anne d’Autriche (la Custode du lit de la Reine) : comme on le conduisait au gibet, la multitude se jeta sur les archers, et le tira par force de leurs mains[1].




Les Auteurs des Mazarinades. — Comment elles étaient composées, imprimées et vendues.


Nous avons nommé les principaux pamphlétaires ; il est aisé de comprendre qu’il dut y en avoir de plusieurs espèces dans cette longue succession d’intérêts et d’événements qui constituent la Fronde.

  1. « Samedi dernier, de grand matin, dit Guy Patin dans une lettre du 21 juillet 1649, un imprimeur, nommé Morlot, fut ici surpris imprimant un libelle diffamatoire contre la reine, sous ce titre la Custode du lit de la reine. Il fut mis au Châtelet, et dès le même jour, il fut condamné d’être pendu et étranglé. Il en appela à la cour. Lundi on travailla à son procès. Hier mardi il fut achevé, et la sentence confirmée. Quand il fut sorti de la cour du Palais, le peuple commença à crier, puis à jeter des pierres, à tomber à coups de bâton et d’épée sur les archers, qui étaient en petit nombre. Ils commencèrent à se défendre, puis à se sauver. Le bourreau en fit de même. Ainsi fut sauvé ce malheureux, et un autre qui était au cul de la charrette, qui devait avoir le fouet et assister à l’exécution de Morlot. Il y eut un archer de tué ; plusieurs furent blessés. De cæteris Deus providebit. » Guy Joly raconte que le lieutenant criminel, qui commandait les archers, reçut plusieurs coups de bâton et eut assez de peine à se sauver. Pendant qu’une bande délivrait ainsi Morlot aux abords du Palais, une autre bande se portait sur la place de Grève pour y détruire l’instrument du supplice. Elle abattit la potence,