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presses saisies au profit des imprimeurs patriotes, trop heureux encore si vous sauviez votre tête.

Quelle mine précieuse, cependant, pour le philosophe et pour l’historien, que les sept à huit cents journaux que virent éclore ces années de fiévreuse ébullition ! Mais il a été bien difficile jusqu’ici, je ne dirai pas d’en sonder les innombrables replis, mais même d’y pénétrer : j’ai essayé de mettre dans la main des curieux le fil qui pourra les diriger dans ce dédale.


Le même embarras n’existe plus quand il s’agit des journaux du Consulat et de l’Empire. Le rôle de la presse durant cette période est réduit à la plus simple expression. Napoléon, qui était homme pourtant à comprendre tout ce qu’une grande époque littéraire ajoute à la gloire d’un règne, n’admettait à aucun degré l’indépendance de la pensée, et ne pouvait souffrir ni la discussion ni la contradiction. Ce n’est qu’au jour de l’adversité, alors qu’il n’était plus temps, qu’il se résignait à faire quelques concessions à l’opinion publique. C’est pourtant sous ce régime que naquit le Journal des Débats, dont l’histoire résume à peu près toute celle du journalisme à cette époque ; c’est au milieu de ces circonstances difficiles que grandit cette feuille célèbre, grâce à un biais heureux que surent prendre ses habiles et prudents fondateurs. La politique leur