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La Fronde était née, comme on le sait, d’une question d’impôt, dans laquelle le Parlement s’était posé en défenseur du peuple contre des exigences, des vexations, devenues intolérables. Ces vexations, comme tous les maux de l’État, étaient imputées à Mazarin. Aussi les premiers pamphlets, en 1649, roulent-ils principalement sur le Cardinal et sur la maltôte :

Depuis tantôt cinq ou six ans,
L’avarice des partisans,
Traitans, sous-traitans, gens d’affaire,
Race à notre bonheur contraire,
Pillait avec impunité
Les biens du peuple en liberté,
Et, sous prétexte du tariffe,
Rien ne s’échappait de leur griffe.
Ce mal nous allait dévorant,
Et, comme l’on voit un torrent
Tombant du sommet des montagnes,
Se répandant sur les campagnes,
Étendre partout sa fureur,
Porter la crainte et la terreur
Dans les villes, dans les villages,
Ainsi l’excès de leurs pillages,
Comme celui de leur pouvoir,
Nous réduisait au désespoir,
Quand le bon démon de la France,
Touché de voir notre souffrance,


    marchandise, ils donnaient aux choses les plus sérieuses du monde, pourvu seulement qu’elles fussent en vers. D’où vient qu’en 1649 on imprima une pièce assez mauvaise, mais sérieuse pourtant, avec ce titre, qui fit justement horreur à ceux qui n’en lurent pas davantage : La Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ en vers burlesques. »