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semble que là du moins les œuvres restent), la mesure qui ne se prend que du dehors est inexacte, et, jusqu’à un certain point, mensongère et convenue ; combien on surfait d’un côté en supprimant de l’autre, et combien de loin l’on a vite dérangé les vraies proportions dans l’estime.

» Eh bien ! au dix-huitième siècle, c’était déjà ainsi ; tout ce qu’on trouve de bonne heure dans les journaux d’alors est une source fréquente d’agréable surprise. Le Mercure, le plus connu, n’en représente guère que la partie la plus fade et la moins originale[1]. Quand on aura parcouru la longue série qui va de Desfontaines, par Fréron, à Geoffroy, on saura sur toute la littérature voltairienne et philosophique un complet revers qu’on ne devine pas, à moins d’en traverser l’étendue. Quand on aura feuilleté le Pour et Contre de l’abbé Prévost, et plus tard les journaux de Suard et de l’abbé Arnaud, on en tirera, sur l’introduction des littératures étrangères en France, sur l’influence croissante de la littérature anglaise particulièrement, des notions bien précises et graduées, que Voltaire, certes, résume avec éclat, mais qu’il faut chercher ailleurs dans leur diffusion. Si les Nouvelles ecclésiastiques (jansénistes), qui commencent à l’année 1728 et qui n’expirent qu’après 1800, ne donnent que la triste

  1. Il faut excepter pourtant la suite très-sérieuse et très-savante qu’offrit le Mercure sous La Roque, directeur. Les rédacteurs ordinaires étaient l’abbé Lebeuf, Dreux du Radier, Dom Toussaint Duplessis, etc.