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La première partie exige une correspondance étendue, suivie et exacte, tant au dehors que pour l’intérieur du royaume. La seconde demande qu’on insère les mémoires, les pièces et les monuments qui peuvent faire connaître l’esprit du siècle dans lequel l’ouvrage a été composé, quelle était alors la politique, et quels étaient les intérêts des différents souverains de l’Europe.

Les particuliers qui avaient eu jusqu’à présent le privilége de la Gazette de France n’étaient pas en état de remplir un plan de cette nature, ni de donner à cette Gazette toute la supériorité dont elle est susceptible. C’est pour y parvenir que Sa Majesté, attentive à tout ce qui peut contribuer à l’utilité et à l’agrément de ses sujets, a révoqué ce privilége, et a ordonné qu’à commencer du 1er  janvier 1762 la Gazette serait rédigée et imprimée sous l’autorité du ministre des affaires étrangères. Elle veut que la vérité, la fidélité et l’exactitude en soient la base, et, après avoir donné ses ordres, tant au-dedans qu’au dehors, pour tout ce qui doit aider à la rendre plus intéressante, Sa Majesté a décidé qu’elle paraîtrait deux fois la semaine…

Cette Gazette, toujours recommandable par sa sagesse, réunira encore les motifs de l’intérêt et de la curiosité, et l’attention que le roi daigne y donner semble assurer le succès des vues qu’on se propose.

Tout cela était parfaitement juste ; mais, en opérant cette transformation, l’on poursuivait un autre but encore, que l’on n’avoue pas. On lit dans les Mémoires secrets, à la date du 1er  janvier 1762 :

La Gazette de France paraît aujourd’hui sous la nouvelle forme qu’elle doit avoir. Elle sera dorénavant faite sous les yeux du ministre des affaires étrangères, minutée par des commis de ce département, et rédigée par M. Rémond de Sainte-Albine. Les ministres du roi dans les cours étrangères ont reçu ordre d’instruire de tout ce qui s’y passerait d’intéressant ou de curieux ; les intendants des provinces sont obligés d’en faire autant. On