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Et qu’ils n’y reviennent pas, eux, ni les médecins de Montpellier :

« Je m’en vais travailler à quelque chose contre la cabale des apothicaires, afin de l’avoir tout prêt pour le faire imprimer, si jamais ils m’attaquent. — Ces coyons d’apothicaires ont trop pris de pouvoir sur l’honneur de la médecine : il est grand temps de les rabattre, ou jamais on n’en viendra à bout. » — « L’arrêt contre Renaudot n’est pas le premier que nous avons eu de cette nature, et quand ceux de Montpellier oseront comparaître, nous en aurons encore d’autres. Nous ne craignons ni les guenillons de la fortune, ni les haillons de la faveur. Notre Faculté dit hardiment de soi-même ce que la vertu dans Claudien : Divitiis animosa suis. Nous sommes fondés sur le Saint-Esprit et la nécessité. »

Et ailleurs, débordant sur ce sujet, cet homme d’école s’écrie, dans un dernier accès de fierté et de superbe plus doctorale que philosophique :


« Tous les hommes particuliers meurent, mais les compagnies ne meurent point. Le plus puissant homme qui ait été depuis cent ans en Europe sans avoir la tête couronnée a été le cardinal de Richelieu : il a fait trembler toute la terre ; il a fait peur à Rome, il a rudement traité et secoué le roi d’Espagne, et néanmoins il n’a pu faire recevoir dans notre compagnie les deux fils du Gazetier, qui étaient licenciés et qui ne seront de longtemps docteurs. »

On sait maintenant quel était l’ennemi de Renaudot.


Nous parlerons bientôt de la Fronde et de ses saturnales littéraires. Mais, pendant que nous sommes sur le chapitre de Renaudot et des aménités