Dans ce plaidoyer dont il se montre si fier, plaidoyer plus comique que sérieux, plus macaronique que français, et « qui appartenait mieux à un hôtel de Bourgogne qu’à un barreau, » Guy Patin, tout en réitérant ses sarcasmes et ses moqueries, en tournant et retournant son adversaire et en faisant rire la galerie, déclara pourtant, à ce qu’assure Renaudot, qu’il avait entendu parler d’un autre que de lui. Ce qui ne l’empêcha pas de le poursuivre de ses quolibets jusqu’en dehors du Palais. Abordant le malheureux gazetier à l’issue de l’audience : « Consolez-vous, monsieur Renaudot, lui dit l’implacable railleur, vous avez gagné en perdant. — Comment cela ? — Vous étiez entré camus, et vous sortez avec un pied de nez[1]. »
Après plusieurs procédures, un arrêt au fond, arrêt solennel, qui termina, le 1er mars 1644, cette longue querelle, acheva de donner satisfaction à la rancune et à la vanité des champions de la routine. La Faculté ne s’était pas bornée à demander qu’il fût interdit à Renaudot d’exercer la médecine à Paris ; elle n’aurait pas trouvé son compte à ce que le procès fût ainsi renfermé dans ses justes limites ; il lui fallait du scandale ; ce qu’elle voulait, c’était écraser sous la calomnie son redoutable adversaire. Voilà pourquoi, se posant en redresseur de torts,
- ↑ Guy Patin fit encore sur ce procès un quatrain en style de Nostradamus que nous verrons plus loin.