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geance anonyme, et en étudiant ses effets sur l’âme altière de la reine.

Quand Louis XIII fut mort, et que Anne d’Autriche eut été nommée régente, Renaudot, menacé dans son privilége, dut rendre compte du passé médisant de sa Gazette, que ses envieux l’accusaient d’avoir ouverte aux ennemis de la reine. On remit à flot je ne sais quelle fâcheuse affaire d’arrestation de prisonniers espagnols dans laquelle la reine s’était fort compromise, et l’on fit ressortir toute l’acrimonie d’un mémoire rédigé à cette occasion par le roi, et dont le gazetier s’était fait l’éditeur, sans croire qu’il en dût jamais être responsable. Mais Renaudot n’était pas homme à se déconcerter ; vrai journaliste, il avait la riposte vive, la réplique véhémente. Il répondit par une Requeste adressée à la régente, et c’est alors qu’on apprit tout le mystère de cette haute comédie, dont le secret n’eût jamais existé si la loi sur la signature eût été promulguée dès ce temps-là.

Cette requête, dont Monteil possédait un exemplaire manuscrit, probablement unique, et que nous avons inutilement cherchée à la Bibliothèque impériale, est sans aucun doute le plus ancien monument de l’histoire de notre presse périodique. Le père des journalistes français, dit Monteil, ne pouvait être un sot : sa défense est adroite, et, d’ailleurs historique. Il expose qu’il exerce depuis vingt-