On sait que Richelieu prenait un intérêt tout particulier à la Gazette, qu’il regardait comme un puissant moyen de gouvernement ; il y envoyait des articles entiers, et y faisait insérer ce qu’il avait intérêt à faire connaître à l’Europe.
Nous avons peine à croire que Louis XIII, comme le contait naguère un spirituel chroniqueur de nos amis, « quittât sournoisement son Louvre pour se rendre à bas bruit dans la rue de la Calandre, dans cette boutique gazetière qu’annonçait si bien l’oiseau criard, le grand coq de son enseigne, et que là le pauvre roi, endoctrinant à l’aise le pédantesque Renaudot, se dédommageât, par les petits commérages qu’il lui glissait à l’oreille, du silence et de l’inaction auxquels le condamnait son ministre. » Mais on ne peut douter que ce monarque, qui n’osait guère avoir de volonté, ni parler un peu haut, pas même devant sa femme, ait pris une part active à la rédaction de la Gazette. Lorsqu’il y avait quelque dissidence politique dans le royal ménage, c’est à la Gazette qu’il se confiait pour conter au monde ses doléances ; il écrivait ce qu’il n’osait pas dire, et riait sous cape en voyant circuler sa ven-