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nous venons de citer était-il le prix d’un numéro de la Gazette ? Nous sommes porté à le croire ; nous ne saurions cependant l’affirmer. Dulaure, dans son Histoire de Paris, dit qu’il se vendait deux liards ; mais cette assertion, qu’il n’appuie d’aucune autorité, ne nous paraît pas admissible. Plus tard, les Mazarinades se vendirent, en effet, deux liards le cayer, comme on disait alors ; mais la Gazette, journal officiel, journal unique avant la Fronde, outre qu’elle se composait d’au moins deux cahiers, avait une autre valeur que la plupart des canards qui pullulèrent pendant les troubles de 1649-52. Quoi qu’il en soit, nous en sommes réduits aux conjectures sur ce point, aussi bien que sur le prix et le mode d’abonnement. Tout ce que nous savons c’est qu’elle était « vendue et publiée par la ville de Paris » par des colporteurs qu’on appelait gazetiers comme les écrivains de la Gazette eux-mêmes, qu’on la lisait dans certaines boutiques, notamment chez Ribou, Loison, et autres regratiers[1] du Pont-Neuf ; que de pauvres femmes allaient l’acheter au bureau de la Grande-Poste et la distribuaient par mois aux personnes qui la voulaient lire, pour 30 sols[2].

  1. Ceux qui achètent des marchandises de peu de valeur pour les revendre avec profit. — On appelait ironiquement regratiers de livres certaines gens qui, sans être libraires, achetaient des livres à bon marché pour les revendre fort cher.
  2. Furetière, Trévoux.