Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 1.djvu/128

Cette page a été validée par deux contributeurs.

prend qu’elles soient de la plus grande rareté, si tant est qu’il en ait survécu. Pour ma part, après de longues recherches je désespérais d’en rencontrer, quand un beau jour, enfin, tout dernièrement, je trouvai à la bibliothèque Sainte-Geneviève un vieux bouquin, ayant sous sa robe de parchemin l’aspect le plus vénérable, les apparences les plus honnêtes, au frontispice duquel je lus avec ébahissement ce titre : Courrier universel, fidèle rapporteur des choses les plus remarquables qui se sont passées dès le commencement de 1631 jusques à 1632. À cette vue, je tressaillis comme le mineur qui croit mettre la main sur un trésor ; mon émotion s’accrut encore quand je vis parler dans les premières lignes de la préface — que je dévorai — de feuilles distribuées hebdomadairement, dont mon bouquin n’était que la réunion. Et remarquez que mon siége était fait, qu’avec tout le monde j’avais proclamé Renaudot le père des journalistes français. N’était-il donc qu’un usurpateur ? Allais-je être obligé de descendre mon héros du piédestal sur lequel je m’étais plu à le consolider ? Un examen un peu plus attentif ne tarda pas à me tirer d’anxiété. J’étais tout bonnement en face d’un voleur. Le Courrier universel n’est, en effet, qu’une contrefaçon de la Gazette de Renaudot, imprimée à Rouen, avec privilége, par Claude Le Villain, imprimeur et relieur du roi. Il est à remarquer qu’elle ne commence