Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 1.djvu/112

Cette page a été validée par deux contributeurs.

au-dessus des petites jalousies ; il méprise leurs morsures impuissantes, et parle en homme qui est sûr de sa force :


« Les suffrages de la voix publique m’épargnent désormais de répondre aux objections auxquelles l’introduction que j’ai faite en France des gazettes donnait lieu lorsqu’elle était encore nouvelle : car, maintenant, la chose en est venue à ce point, qu’au lieu de satisfaire à ceux à qui l’expérience n’en aura pu faire avouer l’utilité, on ne les menacerait de rien moins que des petites-maisons. Seulement ferai-je, en ce lieu, aux princes et aux États étrangers, la prière de ne perdre point inutilement le temps à vouloir fermer le passage à mes nouvelles, vu que c’est une marchandise dont le commerce ne s’est jamais pu défendre, et qui tient de la nature des torrents qu’il se grossit par la résistance. »


C’était là un langage digne d’un écrivain qui a la conscience de son œuvre, et que l’on croirait plus jeune de deux siècles.


« Mon autre prière, dit-il ailleurs, s’adresse aux particuliers, à ce qu’ils cessent de m’envoyer des mémoires partiaux et passionnés, vu que nos Gazettes (comme ils peuvent voir) sont épurées de toute autre passion que celle de la vérité. Mais que tous ceux qui en sont amoureux comme moi, en quelque climat du monde qu’ils soient, sans autre semonce que ceste-ci, m’adressent hardiment leurs nouvelles ; je leur témoignerai quelle estime j’en fais par l’adresse réciproque des miennes, qui suis en possession de préférer le service public à ma peine et à ma dépense. » (Janv. 1633.)


Et ailleurs encore :


« Je ne parle plus ici au public pour défendre mes Gazettes, depuis qu’il n’y a plus que les fous qui leur en veulent. Mais