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nous le savons par lui-même, avait annoncé sa nouvelle invention par un prospectus que nous aurions été bien curieux de voir, mais il nous a été impossible d’en trouver la moindre trace. Tout ce que nous savons, c’est que Richelieu, auquel il dut s’adresser pour obtenir l’autorisation nécessaire, s’empressa de la lui accorder, ayant bien vite compris de quelle importance serait pour le gouvernement une feuille qui raconterait les événements sous la dictée et dans le sens du pouvoir.

Renaudot donna à sa feuille le titre de Gazette, employé depuis longtemps déjà, comme nous l’avons vu, pour désigner les nouvelles à la main, et qu’il choisit « pour être plus connu du vulgaire, avec lequel il fallait parler[1]. »

Le premier numéro parut le 30 mai 1631.

C’est par induction que nous donnons cette date,

  1. La première fois que nous voyions ce mot imprimé, c’est en tête d’un pelit livre d’un écrivain forésien, la Gazzette françoise, par Marcellin Allard, imprimée en 1604. Il devait être alors bien nouveau, car il ne figure pas dans le Thresor de la langue françoise de Nicot, qui parut à un ou deux ans de là, en 1606. Mais cette Gazzette française d’Allard n’est point un journal, comme le pourrait faire supposer ce titre, d’ailleurs assez remarquable ; c’est une sorte de salmigondis, de pot-pourri, comme il le dit lui-même, contenant l’histoire allégorique de Saint-Etienne. « Que doit donc attendre celui qui, ayant veu à l’ouverture de ce livre le mot gazzette, qui n’est autre chose que nouvelles et advis sans suite ny sans ordre, selon que le temps les produit et quelquefois la fantaisie, voudroit néanmoins y voir observer les parties et perfections cosmographiques… C’est icy non-seulement une forme de saugrenée ou pot-pourri, contenant toutes sortes d’instructions et de discours agréables en leur diverse variété, et riches en leur recherche curieuse, mais l’histoire admirable d’une guerre faite à tont rompre… » C’est « un petit bouquet qu’il a fait de diverses fleurs recueillies en divers florissants jardins, et lié de la soie crue de son industrie. »

    Nous avons cité ci-dessus une petite pièce en vers, de 1609, portant aussi le titre de Gazette.