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qu’ils ont eu des prêtres, et que le chancre du fanatisme a si long-temps rongé l’espèce humaine.

» Si on veut également remonter au premier roi, on trouvera un brigand farouche et cruel, un véritable chouan, qui n’a eu d’autre mérite que d’avoir une crinière plus longue et plus noire que celle des autres sauvages, et de savoir jouer du bâton à deux bouts. Voilà, f…, le premier sceptre qui a existé sur la terre : ce n’était qu’un casse-tête qui servait à ce mangeur d’hommes à fendre les crânes de ceux qui osaient lui disputer la meilleure part de la chasse…

» Les tyrans, f…, qui savent bien que leur pouvoir est fondé sur l’ignorance, ont grand soin de l’entretenir, car il ne faut qu’un souffle de la raison pour renverser tous leurs châteaux de cartes. Ils protégent la superstition, parce que la superstition abrutit l’homme, et lui ôte son courage et son énergie…

» Il faut donc, f…, que tous les b… qui ont du sang dans les veines, et qui savent aussi que la raison est la botte secrète pour tuer la tyrannie, ne cessent de prêcher la raison ; il faut donc, si on veut sincèrement établir la liberté, combattre, étouffer les préjugés : il faut instruire tous les hommes : car, f…, si nous continuons de laisser toujours tous les œufs dans le même panier, c’est-à-dire si les sans-culottes ne peuvent se procurer autant d’instruction que les riches, bientôt ils redeviendront esclaves ; il y aura bientôt un accaparement de science, et les gueux porteront toujours la besace.

Ah ! f…, si l’Assemblée constituante avait joué beau jeu bel argent ; si elle avait été de bonne foi comme la Convention, les écoles primaires seraient établies depuis quatre ans, et il n’y aurait pas un seul sans-culotte dans toute l’étendue de la république, qui ne sût lire et écrire. Nous ne serions pas à la merci des gens de loi et des calotins, qui occupent toutes les places, et qui feront la pluie et le beau temps jusqu’à ce que les sans-culottes soient instruits. Pour réparer le temps perdu, et pour écraser une bonne fois toutes les vermines de l’ancien