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remédier à des excès qui conduisent à mille malheurs ! Parlez donc, Messieurs à écharpe ! attendrez-vous que tous les citoyens soient écharpés pour ouvrir les yeux ? Et vous, grand Bailly, qui savez si bien lire aux astres, comment n’apercevez-vous pas les abus qui se commettent dans une ville confiée à votre vigilance ? Et tous vos f… commissaires de police, à quoi s’occupent-ils ?… Ah ! b…, on nous vante une révolution qui va ramener la décence des mœurs, et l’on tolère impunément tout ce qui peut les corrompre. J’ai bien peur, messieurs les gens d’esprit, que vous ne vous connaissiez guère en administration et en politique. Vous êtes des b… qui nous faites de beaux discours, mais le cœur n’y touche, comme on dit, et quand on a bien claqué des mains, vous êtes tout transportés aux nues, sans vous embarrasser de ce qui se passe dans les rues de Paris, qui devraient principalement vous occuper.

» Quoi, j… f…, vous ne direz mot, vous serez indifférents pendant que cette ville est inondée d’infâmes tripots qui sont de vrais coupe-gorges, où la jeunesse, l’âge mûr, la vieillesse même se ruinent journellement ; où le fils débauché va jouer et perdre l’argent qu’il vole à son père ; où le père dénaturé va jouer et perdre la fortune de ses enfants, l’époux la dot de sa femme, le marchand son magasin. Ah ! b…, ne voilà-t-il pas la vraie cause des brigandages, des banqueroutes, du suicide, des assassinats ! Comment ! la municipalité est instruite de ces désordres, et elle se tait, et elle semble, par un silence coupable, autoriser ces jeux perfides qui désolent les familles ! Mille bombes ! jusqu’à quand subsisteront-ils donc ces tombeau de la vertu, des mœurs, de la probité, de l’industrie, du travail et des fortunes !… »

D’autres fois, il s’attaque à l’ignorance, et réclame à grands cris l’organisation de l’instruction nationale ; il fait crier :

« La Grande colère du Père Duchesne de voir que