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qui lui donne le mouvement ; le souffle qui la pourrait animer, l’opinion publique, s’est retirée d’elle ; c’est comme un corps sans âme, que la question d’orient est venue fort à propos galvaniser quelque peu.

« Le journal, écrivait en 1835 M. Granier de Cassagnac, dans une feuille ultraministérielle, le journal, c’est la critique du gouvernement, de la société. » Or le gouvernement, par des motifs dont nous sommes loin de contester la valeur, mais qui auront bientôt cessé d’être, nous l’espérons, ne croit pas devoir tolérer aujourd’hui, nous ne dirons pas la critique, mais même la polémique, et le public, pour le moment, paraît assez peu s’en soucier. Que faire à cela ?

« On s’étonne de mon silence ! nous disait dernièrement le plus oseur de nos journalistes ; mais je ne lis même plus mon journal ! Que dirais-je, et à quoi bon ? J’aimerais mieux compter les cailloux de mon jardin : du moins j’aurais la perspective d’un résultat. »

Heureusement ce n’est là qu’une boutade, et nous aimons mieux la parole de Renaudot :

« La presse tient cela de la nature des torrents, qu’elle se grossit par la résistance. »

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