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pas le théâtre, ce n’est pas la science, ce n’est pas la société ; c’est la critique du gouvernement, de la littérature, du théâtre, de la science, de la société. C’est à la spécialité de la critique que le journal est propre, et uniquement à cette spécialité, parce que le journal est une œuvre de soudaineté, parce qu’on l’improvise, et que le gouvernement, la littérature, le théâtre, la science, la société, ne s’improvisent pas. Eh bien ! pour le journal qui reste fidèle à sa spécialité, qui est de faire de la critique (on sait si le Globe s’en faisait faute, et quelle critique était la sienne), le format actuel est suffisant ; le format plus grand est une mauvaise chose… »

» Si nous avions à présenter le programme d’un nouveau journal, nous proposerions le maintien du format, la suppression des annonces, la suppression du roman-feuilleton, et l’élévation du prix du journal à 100 fr. »

M. Granier répliqua par des injures, qui ne pouvaient rien réparer : le coup était porté. De ce moment les versements s’arrêtèrent ; à peine l’Époque était-elle née que les embarras commençaient pour elle ; et ce n’est qu’à force d’expédients, — et quels expédients ! — qu’elle parvenait à prolonger sa vie pendant quinze ou dix-huit mois, au bout desquels elle était forcée de céder les quelques abonnés qui lui restaient, — à qui ? — à la Presse.

Nous avons peut-être un peu insisté sur ces détails ; mais il nous a semblé qu’ils n’étaient pas sans intérêt. Le journalisme ne peut pas avoir dit son dernier mot ; de nouveaux efforts seront faits assurément pour le tirer de l’ornière où il est retombé : ceux qui les tenteront trouveront d’utiles enseignements dans l’histoire de cette période si agitée de ses annales. L’insuccès de l’Époque a tenu à d’autres causes encore qu’à l’exagération du principe sur lequel elle s’appuyait ; tout n’était pas mauvais dans son pro-