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moins de cent-vingt-cinq rubriques, et toutes accompagnées de leur explication, de leur raison d’être, habilement déduite, exprimée heureusement.

Il y avait là, certes, de quoi, dirons-nous allécher, ou effrayer l’abonné ? L’un et l’autre : pour certains lecteurs le journal est toujours trop long ; pour d’autres il ne l’est jamais assez. Mais, nous l’avons dit, il ne fut pas donné aux Français de se chauffer aux rayons de cet étincelant soleil, et, privés de ce phare lumineux, quelques uns eurent le malheur de s’engager dans la vaste enceinte des froides et lourdes colonnes de l’Époque.

L’Époque, en effet, très habilement lancée, ouvertement protégée par le gouvernement, qui supportait impatiemment les velléités indépendantes des Débats et était assuré de trouver dans le nouveau journal une obéissance absolue, l’Époque put se croire un instant sur la voie du succès ; mais elle avait compté sans un adversaire dont le silence devait étonner.

M. de Girardin avait vu sans sourciller se développer cette feuille gigantesque qui semblait devoir étouffer la Presse dans ses larges replis ; quelque grande qu’elle fût et combien qu’elle s’agitât, il en avait bientôt mesuré la juste valeur : ce n’est pas lui que pouvait éblouir une pareille fantasmagorie. Cependant, un beau jour, le Commerce ayant été mis en vente au prix de 100 000 fr. et n’ayant pas trouvé d’acquéreur, le rédacteur de la Presse en exprime son étonnement.

« Ce fait, dit-il, paraît vraiment étrange et inexplicable, quand on le rapproche de la facilité merveilleuse avec laquelle, dit-on, les capitaux se trouvent en ce moment par millions pour fonder des journaux nou-