Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/201

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au numéro, organisée a l’anglaise, qui, à 15 centimes le numéro, porte le produit de 364 numéros à 54 fr. au lieu de 44 fr., ce qui, en supposant une vente de 10 000 exemplaires, donnerait seul un profit, toute remise déduite, de 80 000 fr.[1]. — Notre format, qui nous permet de donner nos annonces à bon marché, nous met aussi à même d’adopter pour le tarif des annonces un système plus logique, plus consciencieux, plus déterminant, celui du prix d’annonces proportionné au nombre des abonnés. » (Le nombre des abonnés, disait une note, sera inscrit en tête du journal et justifié par un certificat de l’imprimeur et le livre de l’administration du timbre.)

Suivent des additions entassées les unes sur les autres, et aboutissant à ce résultat pyramidal : « Ainsi à 40 000 abonnés, malgré l’extrême bon marché de nos annonces, notre bénéfice net serait de plus de six cent mille francs ; à 20 000 abonnés, il serait déjà de 250 000 fr. »

C’était là déjà un assez beau denier ; à cela il n’y avait qu’une toute petite difficulté : il ne s’agissait plus que d’avoir ces 20, ces 40 000 abonnés, que de trouver chaque jour ces 4 000 lignes d’annonces. Mais l’Époque n’est pas embarrassée pour si peu ; son succès est infaillible, elle va vous le prouver en peu de mots :

  1. Cette idée avait déjà été exploitée en 1836 par M. Bohain, avec le Figaro, qu’il faisait vendre chez tous les épiciers et boulangers de Paris. Elle fut encore appliquée en 1841, par M. de Genoude, à ce fameux journal la Nation, publié sous les auspices de MM. Arago, Laffitte et Chateaubriand, qui devait réunir tous les partis. Il ne réussit pas mieux à l’Époque, malgré le costume excentrique de ses porteurs, qu’il n’avait réussi à ces journaux. Il fallait la révolution de 1848 pour donner quelque importance à ce mode d’écoulement.