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n’est pas en juste rapport avec la modicité du revenu moyen de la grande majorité des électeurs français, qui se compose de propriétaires ruraux ; sur beaucoup de points, nous le savons, 80 francs sont à peine la rente annuelle d’un capital de six a huit mille francs en terres arables.

 » La presse politique appelle donc une réforme.

» Cette réforme est-elle possible autrement que par la suppression ou par la réduction législative du droit de timbre ?… Nous le croyons, le premier nous l’avons dit et imprimé ; il s’est enfin trouvé des capitaux assez intelligents, assez hardis, pour nous suivre dans la seule voie que la spéculation n’ait pas encore sillonnée d’ornières. »

Ceci posé, M. de Girardin, qui a toujours aimé ajouer cartes sur table, entre ainsi dans les entrailles de la question financière :

« Les frais d’un journal, ainsi que ceux dont se compose toute publication, sont de deux natures, les frais décroissants et les frais progressifs.

» Les frais comprenant la rédaction, la composition typographique, l’administration et le loyer, s’appellent frais décroissants, ce qui veut dire qu’ils diminuent en proportion inverse du nombre des abonnements ; qu’ils sont d’autant moins sensibles et apparents qu’ils sont répartis sur un nombre d’exemplaires plus considérable[1].

» Les frais comprenant les droits de timbre et de poste, le papier, le tirage, le pliage, les adresses s’appellent frais progressifs ; ce qui veut dire qu’en aucun cas ils ne décroissent, et qu’au contraire ils s’augmentent indéfiniment en raison proportionnelle du développement que prend le journal.

L’application de ces principes fondamentaux au bud-

  1. On appelle encore ces frais frais fixes, parce qu’en réalité ils ne varient pas, quel que soit le nombre des abonnés.