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Louis XVIII, mais elle avait été bientôt restreinte, et la censure fut établie en 1820. Charles X l’abolit à son avénement. Ce fut alors que M. de Villèle, dans le but de prévenir une nouvelle éruption du volcan, imagina ce qu’on appela l’amortissement des journaux, opération qui consistait à faire acheter par des courtiers adroits toutes les autorisations qui avaient été accordées pour la publication des feuilles périodiques existantes, afin d’arriver à étouffer toute espèce de publicité. Cette habile tactique n’ayant pas produit ce qu’en attendait son auteur, il fallut en revenir aux mesures de coercition ; M. de Peyronnet présenta, en 1827, cette fameuse loi à laquelle est resté le nom de loi de justice et d’amour, et qui souleva une telle clameur qu’on fut obligé de la retirer. Sous le ministère Martignac, la liberté de la presse surgit de nouveau ; la loi du 18 juillet 1828 reconnut à tout Français majeur le droit d’établir un journal sans autorisation préalable, et abolit la tendance et la censure facultative. Cependant le gouvernement n’était pas sans inquiétude sur les effets de sa libéralité ; on en jugera par le fait suivant, que nous empruntons à l’Histoire de la Restauration.

Le Journal des Débats, dirigé par des hommes d’état qui en avaient fait leur tribune quotidienne, et illustré par Chateaubriand, avait, à cette époque, l’importance d’une institution politique. Aucun prix ne paraissait trop élevé pour le conquérir au gouvernement. Ce n’est pas précisément qu’il se vendît, mais il se laissait allouer des subsides, qui, sans corrompre ses opinions, rémunéraient son zèle et ses services. Au commencement du ministère Villèle, qu’il avait l’intention de soutenir, il recevait 12 000 francs par mois. Lorsque Chateaubriand, que les Bertin n’hésitèrent pas à suivre dans sa disgrâce et