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dans ce journal, foyer ouvert à tous les regrets, à tous les ressentiments et à toutes les exagérations des royalistes, qu’il faut chercher la politique royaliste pendant le règne de la censure. Il était écrit par Chateaubriand, La Mennais, Bonald, Fiévée, J. de Polignac, etc.

Au Conservateur le parti libéral opposa la Minerve, véritable satire ménippèe de la restauration. Là ee qu’on appelait les indépendants entreprirent de fondre dans une alliance quelque peu adultère le patriotisme, l’esprit militaire, la gloire des conquêtes, les doctrines de la révolution de 89, les souvenirs de la république, l’orgueil national, la royauté constitutionnelle, le despotisme et la liberté, avec une telle confusion d’idées et avec un tel artifice que toutes les passions hostiles aux Bourbons trouvassent à la fois dans leur feuille une joie, un souvenir, une espérance, un aliment. Les principaux rédacteurs de la Minerve étaient Benjamin Constant, Étienne, Jouy, Pagès, Aignan, Courier, Béranger. Une nuée de journaux, de recueils, de pamphlets, de brochures, recevaient d’eux le souffle et la direction, et semaient le dédain, la répugnance et la colère dans le peuple[1].

Les rangs de l’opposition furent renforcés par le Globe, organe de la doctrine, pépinière d’hommes d’état, qui comptait parmi ses rédacteurs MM. Leroux, Dubois, Jouffroy, Sainte-Beuve, Rémusat, Renouard, Duvergier de Hauranne, Duchatel, etc., et qui jeta pendant quelques années un si vif éclat.

  1. Lamartine.