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ques de Villeneuve, le Courrier français avait été primitivement dirigé par MM. de Broglie, Keratry, etc. En 1819, il se fusionna avec la Renommée, que rédigeaient Benjamin Constant, Jouy, Pagès, etc., et il eut alors pour rédacteurs tous ces publicistes distingués. Mais cette sorte de directoire n’aboutit qu’à la confusion, et il fallut en revenir à un gouvernement unitaire. C’est alors que M. Valentin de Lapelouze, un des principaux actionnaires, administrateur très habile, et homme d’intelligence et de dévouement politique, proposa M. Chatelain et lui fit donner la rédaction en chef. Dès ce moment le Courrier prit cette couleur ferme et cette direction honorable qui lui donnèrent une si grande influence sur l’opinion publique jusqu’à la fin de la restauration et pendant les premières années qui suivirent 1830. En dix ans il subit plus de vingt procès et paya près de cent mille francs d’amendes. Pendant cette brillante période de 1820 à 1842, il compta successivement parmi ses rédacteurs Benjamin Constant, Casimir Périer, Gohier, ancien membre du Directoire exécutif, Chatelain, Cormenin, Mignet, l’abbé de Pradt, Chambolle, Léon Faucher, etc., etc.

Le Courrier français n’était plus depuis longtemps que l’ombre de lui-même quand il est mort sous M. Xavier Durrieu, en 1849 ou 1850.

En 1818-20, une nouvelle scission dans la rédaction des Débats donna naissance au Conservateur, fondé par Chateaubriand et ses amis dans le triple but de contrebalancer les journaux bonapartistes, de défendre la monarchie des Bourbons et d’asservir le roi aux royalistes, et qui avait pris pour épigraphe : « Le roi, la Charte, les honnêtes gens. » C’est