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s’élèvent, à une certaine hauteur, deux grandes oreilles pointues et velues, comme celles d’un âne. Au dessus de ces oreilles sont deux cornes tortues, comme celles du taureau, et au dos de cet animal, vers la hauteur ordinaire des épaules, sont placées deux ailes très fortes, qui ont, au lieu de plumes, des membranes pareilles à celles des ailes de chauves-souris. Toute cette partie supérieure de l’animal est soutenue par les deux pattes d’oie placées un peu en avant du milieu du corps. La partie inférieure ressemble à celle du phoque, excepté qu’elle est couverte de grosses écailles. À deux pieds environ des pattes est placée une seule nageoire, qui s’agite verticalement dans l’eau, et qui, sur terre, augmente la rapidité de la marche de l’animal, de concert avec les ailes, dont il fait usage lorsqu’il poursuit sa proie. La partie inférieure se termine en deux queues, dont l’une, ayant des articulations jusqu’à l’extrémité, peut envelopper la proie de l’animal, et l’autre finit par un dard très pointu, avec lequel, dit-on, il la perce. »

» Voilà un monstre des mieux conformés et pas trop mal léché, il faut en convenir ; le père Bougeant n’aurait pas mieux fait, lui qui si long-temps en avait eu le monopole, et qui, chaque fois qu’il avait besoin d’argent pour acheter du café ou du tabac, se disait, sûr de son fait : « Je vais faire un monstre qui me vaudra un louis. »

» Revenu en France et peu gênée par son titre de roi, qu’il porta, comme on sait, assez bourgeoisement, Louis XVIII n’eut rien de plus pressé que de reprendre ses petites habitudes littéraires. Il tenait à faire voir que sa plume était toujours finement taillée et que la pointe ne s’en était pas émoussée dans