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scription en faveur de cet ouvrier de Lyon qui marchait sur l’eau. »

» Nous avons cherché dans les écrits du temps les traces de ces mystifications, et nous les avons retrouvées dans les plus sérieux. Grimm a parlé de l’homme qui marche sur l’eau, et après une assez longue fouille, nous avons pu exhumer de cet immense ossuaire politique et littéraire qui a nom le Journal de Paris la description aujourd’hui momifiée du monstre du Chili. Ce canard, de royale couvée, mérite bien de revoir le jour ; nous allons donc vous l’exhiber tout armé, unguibus et rostro.

« Des chasseurs espagnols, au Chili, ont découvert un animal amphibie qu’ils ont réussi à prendre avec des filets, et qu’ils conservent en vie : ils lui ont donné le nom de harpie. La représentation de la figure de cet animal a été envoyée à la cour de Madrid, d’où on l’a fait passer en France, et elle commence à circuler dans le public. L’habitude de ce monstre ressemble en quelque sorte à celle du sphinx, en ce que le train de derrière est horizontal sur la terre, et le train de devant est debout. Sa hauteur, depuis le ventre jusqu’à l’extrémité de la tête, est de quinze pieds, et sa longueur, depuis deux espèces de pattes d’oie qui soutiennent le devant jusqu’à l’extrémité des queues, est de vingt-deux pieds. La partie supérieure est couverte d’un poil rude, et la forme du corps ressemble à celle de l’homme. Du tronc s’élève une tête fort extraordinaire, couverte d’une crinière qui pend des deux côtés. La tête, au premier aspect, offre la ressemblance d’un lion ; mais comme la face est entièrement aplatie, on y reconnaît bientôt celle d’un singe. Une gueule extrêmement ouverte et avancée lui donne un air de voracité qui est effrayant. Des deux côtés de la tête