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leur propriété, fut vive et chaleureuse, et son dévouement aux Bourbons leur fut d’un grand secours dans ces jours difficiles, car l’immense publicité cette feuille en faisait une véritable puissance.

Le changement de gouvernement ne fut pourtant point favorable aux intérêts matériels des Débats. À la chute de Napoléon, ils se dédoublèrent pour ainsi dire : le côté gauche du Journal de l’Empire alla fonder le Constitutionnel, sous les auspices de M. Étienne ; le côté droit reprit l’ancien titre de la feuille fondée en 1800, et lui imprima une direction éminemment monarchique. La situation d’ailleurs n’était plus la même : la presse avait recouvré sa liberté et la concurrence avait succédé au monopole. Les souscripteurs se scindèrent comme la feuille ; mais elle n’en conserva pas moins une grande influence et une grande prospérité.

Sous la restauration, les Débats défendirent les diverses administrations jusqu’au jour où M. de Châteaubriand les entraîna avec lui dans l’opposition. On sait quelle rude guerre ils firent au ministère Polignac. « Semblable à ces oiseaux que l’électricité chasse des régions menacées vers des plus calmes, et qui courent, long-temps avant la tempête, vers un ciel où leur nid soit protégé contre tous les vents, le Journal des Débats avait pris son vol vers la révolution », et bientôt il poussait ce cri d’alarme, qu’il nous semble encore entendre retentir comme le glas de la restauration. Malheureux roi ! malheureuse France !

La révolution de juillet ne fit qu’ajouter à la puissance du journal des frères Bertin, et son rôle fut plus brillant que jamais, grâce à sa position toute