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idées religieuses et sociales était en sa faveur, et chaque jour ajoutait à sa prospérité matérielle et à son ascendant moral ; mais ces sympathies étaient balancées par de puissantes et mortelles inimitiés. Le Journal des Débats n’avait pu arborer le drapeau des idées religieuses et des doctrines sociales, il n’avait pu attaquer les idées et les renommées philosophiques et révolutionnaires, sans exciter de profondes et dangereuses colères dans le ban et l’arrière-ban de la philosophie et de la révolution. Or les hommes qui tenaient à ce système occupaient toutes les avenues du pouvoir. Les fureurs de leurs ressentiments étaient encore aiguisées par les appétits de leurs convoitises. C’était une belle proie que le Journal des Débats ; deux cent mille francs annuels de bénéfices tentaient de hautes cupidités.

» Fouché, qui occupait alors le ministère de la police, devint le centre de la conspiration tramée contre l’existence du Journal des Débats. On cherchait à alarmer le chef de l’état sur l’influence de cette feuille, sur le nombre de ses lecteurs, sur la tendance de ses doctrines. On obtint enfin, vers le milieu de l’année 1805, qu’un censeur lui fût imposé.

Heureusement pour les propriétaires du journal, ils trouvèrent un chaleureux défenseur dans M. Fiévée, leur ami et leur coreligionnaire. M. Fiévée s’entremit avec beaucoup de chaleur pour leur conserver leur propriété, et il y réussit. Parmi les notes qui furent échangées à cette occasion entre Napoléon et son correspondant, il en est une qui mérite d’être citée, parce qu’elle exprime l’opinion de l’empereur sur cette feuille à l’époque dont nous parlons. C’est d’ailleurs un monument historique, un témoignage curieux des idées qu’on avait alors relativement à la presse et à la propriété des journaux. On remarquera