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de grandes vicissitudes. La Gazette perdit toute son influence à la révolution. Le Journal de Paris soutînt mieux la concurrence, grâce au courage et au talent des rédacteurs aux mains desquels il passa en 1789, Garat, Condorcet, Andre Chénier et Saint-Jean d’Angély. Dans cette période de 1789 à 1793, la plus brillante de son existence, il compta, dit-on, jusqu’à 22 000 abonnés. Avant cette époque il avait été rédige par Dassieux, Sautereau, Corancez, etc. Depuis 1793, il compta parmi ses rédacteurs Rœderer, Villeterque, Dusaulchoy, Aubert de Vitry, Belmondi, etc. En 1827, M. de Villèle, l’inventeur de l’amortissement des journaux, l’acheta pour le supprimer. On connaît l’insuccès des tentatives qui ont été faites depuis pour le ressusciter, notamment par Léon Pillet et Fonfrède.

Sous l’empire, c’est l’épée qui s’est réservé le monopole de la presse politique. Elle s’en sert à écrire de magnifiques bulletins, comme si les notes prises par le génie pour les siècles devaient désormais suffire à l’esprit humain parce qu’clles rassasiaient l’orgueil national. Napoléon entendait le journalisme comme toute grande chose, magistralement, despotiquement, et il en usait comme de toute grande chose, avec la conscience de toutes les forces et de toutes les ressources qui s’y trouvaient. Il n’y avait pour lui qu’un seul vrai journal, le Moniteur. À l’intérieur, grâce à quelques notes d’essai qu’il y faisait insérer chaque fois qu’il méditait une grande entreprise, le Moniteur lui servait à tâter l’opinion publique ; à l’étranger, c’était toujours une arme et une arme terrible ; il ne fallait qu’une note un peu verte du Moniteur pour ramener au devoir un général qui s’en écartait, ou pour mettre à la raison les petits