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pour rien que tu auras fait le serment solennel de défendre les lois, qui te l’ont tellement clouée sur la tête, qu’on t’arracherait plutôt le toupet que le diadème.

» Je me dirais : Je suis plus puissant que jamais ; car plus de grands dans mon royaume, qui usurpaient mon pouvoir pour écraser mon pauvre peuple, et qui ne m’aimaient que pour des croix, des places ou des pensions.

» Je me dirais : Plus de parlements, qui m’assommaient avec leurs f… remontrances, et qui, m’appelant très gravement le seigneur roi, se croyaient plus seigneurs que moi.

» Je me dirais : Plus d’ordre du clergé, qui se nommait avec orgueil le premier de mon empire, quand il aurait dû être le dernier par humilité ; qui conduisait fort mal le peuple, en l’édifiant fort mal ; qui possédait à lui seul le quart des biens de la nation, et qui faisait des bombances, quand les pauvres b… de fidèles manquaient souvent de pain.

» Je me dirais : Bientôt plus de déficit, f… ! par la vertu toute puissante de mon assemblée nationale, qui a osé faire ce que je n’aurais pu seulement annoncer.

» Je me dirais : La prospérité va s’établir dans les campagnes surtout, car les plus misérables de mon royaume vont être enfin délivrés d’un milliard de mangeries que j’ignorais, et que l’assemblée nationale a f… de côté.

» Je me dirais enfin : J’ai le commandement suprême d’une armée formidable, composée maintenant d’hommes, et non pas de f… automates, qui ne sont plus des greniers à coups de trique. J’ai le pouvoir d’arrêter avec quatre lettres (le veto) les grandes opérations des sénateurs français ; je peux nommer aux premières places de l’armée. J’ai, f… ! les plus beaux palais, les plus beaux jardins de l’Europe : j’ai trente millions à dépenser par an, ce qui fait, morbleu ! mille écus par heure. J’ai toute la faculté à mes ordres quand je suis malade ; quand je me rétablis, le bon peuple, qui m’ai-