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et un homme mort ne vaut pas un chien vivant, f… !

» On me répond que l’homme a des plaisirs et des jouissances proportionnés à ses maux. Les animaux sont condamnés à brouter l’herbe, tandis que nous savourons les mets les plus exquis. Oui, f…, mais pour rassasier notre appétit dévorant, il faut faire la guerre à toute la nature ; il faut étouffer la colombe pour dévorer sa chair ; il faut égorger l’agneau pour manger ses entrailles. Nous avons de beaux palais où règne l’abondance ; mais à côté est la cabane du pauvre, où la plus affreuse misère existe. Nous construisons des vaisseaux ; mais c’est pour aller chercher l’or et l’argent au fond des Indes, et avec ces trésors on nous amène le corruption. Nous lisons aux astres pour prédire les éclipses ; la pluie et le beau temps ; mais nous ne voyons pas sur la terre le précipice ou nous nous jetons à chaque pas. Nous avons inventé l’écriture et l’imprimerie ; en sommes-nous plus instruits, en valons-nous mieux ? Le grand livre de la nature est ouvert : c’est celui-là qu’il faudrait consulter ; il nous éclairerait davantage que toutes les rêveries des marchands d’esprit.

» Vous qui voulez être républicains, f…, voyez une fourmilière amasser pendant l’été les provisions de l’hiver. Insectes qui remuez sur cette partie de la terre, prenez exemple sur ces insectes beaucoup plus sages que vous. Cette famille est encore plus nombreuse que la vôtre, et elle trouve le moyen de vivre en paix et de s’approvisionner. Il n’y a pas là de paresseux ni d’ambitieux ; chacun travaille pour la communauté ; l’un apporte autant que l’autre ; l’un ne veut pas plus manger que l’autre. Voilà pourquoi les fourmis vivent en paix. Point de bonheur sans le travail et l’égalité. Si les b… qui nous gouvernent, au lieu de vouloir tout dévorer comme les aigles et les vautours, n’étaient que des fourmis laborieuses comme les autres, la république serait bientôt heureuse et triomphante… »

Terminons ce chapitre par quelques citations empruntées aux imitateurs d’Hébert.