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établit l’identité de Chvéïk, qui fut alors facile à retrouver. La baronne von Botzenheim, suivie de sa dame de compagnie et d’un laquais qui portait un gros panier de provisions, décida d’aller visiter l’hôpital militaire de Hradcany, qui abritait son protégé.

La pauvre baronne ne se doutait point ce que signifiait un « traitement » à l’infirmerie de la prison de la place de Prague. Son nom lui ouvrit la porte de la prison ; au bureau, on lui répondit avec une politesse extrême et, en cinq minutes, elle apprit que der brave Soldat Chvéïk, recherché par elle, était logé au pavillon 3, lit 17. Le docteur Grunstein, qui accompagnait la baronne, n’en revenait pas de cette visite.

Chvéïk, après sa « cure » quotidienne, était assis sur son lit, entouré d’un groupe de simulateurs amaigris et affamés qui n’avaient pas encore renoncé à la bataille avec le docteur Grunstein sur le champ de la diète totale.

En les écoutant, on aurait cru être tombé dans une société d’experts gastronomes ou assister à une leçon de l’École supérieure d’art culinaire ou à un cours spécial destiné aux gourmets.

— On peut manger même des graillons de suif, racontait l’un d’eux qui soignait ici un « catarrhe gastrique invétéré » quand ils sont bien chauds. Pour les avoir tout à fait à point on choisit le moment où le suif est bien fondu. On les retire, on les écrase pour qu’ils soient bien secs, on sale et on poivre, et alors ils dégotent les graillons d’oie, c’est moi qui vous le dis.

— Hé ! là-bas, n’en dites pas trop de mal, des graillons d’oie, hein ? fit l’homme au « cancer de l’estomac », y a pas de graillons qui vaillent les graillons