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obligé de leur foutre ton clystère la même chose. Mets-toi bien dans la tête que c’est de clystères comme celui-là que dépend le salut de l’Autriche, et tu verras, nous aurons la victoire.

Le lendemain, à la visite, le docteur Grunstein demanda à Chvéïk comment il se plaisait à l’hôpital militaire.

Chvéïk répondit que cette « institution militaire était quelque chose d’épatant » et qu’elle lui inspirait des sentiments élevés. Comme récompense, le brave Chvéïk eut la même chose que la veille avec, en outre, de l’aspirine et trois cachets de quinine que l’on avait fait fondre dans l’eau, en le priant de l’avaler à l’instant même.

Chvéïk s’exécuta et but sa ciguë peut-être avec encore plus de calme que Socrate. Le docteur Grunstein avait passé Chvéïk par les cinq degrés de son système de tortures.

Tandis qu’on l’enveloppait dans un drap humide en présence du médecin et que celui-ci demandait l’avis de Chvéïk, il répondit :

— Je vous déclare avec obéissance, monsieur l’oberartzt, que ça me rappelle une piscine ou des bains de mer.

— Et vous avez toujours vos rhumatismes ?

— Je vous déclare avec obéissance, monsieur l’oberartzt, que je ne sens aucune amélioration.

Mais Chvéïk n’était pas au bout de ses tourments.

Vers ce moment-là, la baronne von Botzenheim, veuve d’un général d’infanterie, se donnait beaucoup de peine pour découvrir le soldat infirme, fervent patriote, dont la Bohemia avait parlé dans l’article que nous connaissons.

Après une enquête à la Direction de la Police, on