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la logeuse avec une franche tristesse ; la nuit, lorsque les douleurs l’ont pris, il a chanté, sauf votre respect, l’hymne autrichien.

Le docteur Pavek se vit dans la nécessité d’augmenter la dose de bromure.

Le troisième jour, Mme Muller déclara que l’état de santé de M. Chvéïk allait toujours empirant.

— Figurez-vous, M’sieur le docteur, que l’après-midi il m’a envoyé chercher la carte du champ de bataille et, toute la nuit, il a déliré et a dit des choses fantastiques, comme, par exemple, que c’te guerre, l’Autriche allait la gagner.

— Et est-ce qu’il prend les potions que je lui ai ordonnées ?

— Il n’a même pas pensé à les acheter, M’sieur le docteur !

Le docteur Pavek partit après avoir accablé Chvéïk de tout un orage de reproches et en assurant qu’il ne viendrait plus soigner un homme qui refusait avec un tel entêtement les cachets de bromure.

Il ne restait que deux jours avant celui où Chvéïk devait paraître devant la commission de recrutement.

Chvéïk en profita pour prendre ses dernières dispositions. Tout d’abord il pria Mme Muller d’aller lui acheter une casquette militaire et de voir le confiseur pour s’entendre avec lui au sujet du véhicule. Ensuite, il jugea nécessaire de se procurer aussi une paire de béquilles. Par bonheur, le confiseur en avait justement une paire, relique de son aïeul.

Il ne manquait plus que le bouquet dont se parent les recrues. Mais Mme Muller pensait à tout. Pendant les deux derniers jours, la pauvre femme