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— J’ai toujours eu la guigne avec tous ces bureaux, M’ame Muller ; vous verrez combien ils vont encore m’envoyer de types pour acheter des chiens, soupira Chvéïk.

Je ne sais pas si les messieurs qui, au nouveau régime, sont venus vérifier les Archives de la Police, ont pu déchiffrer les postes des fonds secrets de la Police d’État, où il y avait : B… 40 couronnes, F… 50 couronnes, L… 80 couronnes, etc., mais, dans tous les cas, ils se sont trompés en pensant que B…, F… et L… étaient les initiales de quelques personnages qui, pour 40, 50 et 80 couronnes avaient vendu la nation tchèque à l’Aigle bicéphale. « B » signifie simplement : chien du Saint-Bernard, « F » : Fox-terrier et « L » : Loulou de Poméranie. Tous ces chiens furent amenés par Bretschneider à la Police ; il les avait achetés à Chvéïk. C’étaient de monstrueux bâtards en qui ne brillait aucune trace de la noble origine que Chvéïk avait affirmée à Bretschneider.

Son Saint-Bernard était un mélange de tout ce qu’il y avait de mieux comme chien mouton avec le premier cabot des rues venu, son fox-terrier avait les oreilles d’un basset qui aurait eu la taille d’un chien de trait et des pattes torses en manche de veste, comme s’il avait eu la danse de Saint-Guy. Le loulou de Poméranie rappelait, avec sa tête hirsute, un griffon d’écurie écourté, de la hauteur d’un basset et l’arrière-train nu, comme les fameux chiens glabres d’Amérique.

Après ce fut le tour du détective Kalous qui acheta une bestiole rappelant l’hyène mouchetée, mais avec une crinière de berger d’Écosse, et, sous la rubrique du Fonds secret on inscrivit de nouveau la lettre « D… » 90 couronnes.