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qu’il avait affaire au propriétaire du lit, qui réclamait son bien.

Tout d’abord, se conformant aux usages de tous les portiers d’établissements de nuit, il menaça de casser la gueule à tout le monde et, ensuite, il essaya de se rendormir.

Chvéïk ramassa les effets du portier, le réveilla de nouveau en le secouant avec énergie, et le pria de s’habiller.

— Tâchez de vous dépêcher, dit-il, ou vous allez me forcer à vous jeter dehors tout nu comme vous êtes. Tout de même, je crois qu’il vaudrait beaucoup mieux pour vous de déguerpir tout habillé.

— Je voulais dormir jusqu’à huit heures du soir, dit le portier ahuri, enfilant son pantalon ; j’ai payé mes deux couronnes pour le lit et j’ai le droit d’emmener coucher qui je veux. Eh ! la Marie, lève-toi !

En mettant son col et sa cravate le portier était déjà résigné à son sort, et il expliquait à Chvéïk que le café Mimosa était tout ce qu’il y avait de plus chic comme établissement de nuit à Prague, que les dames qui y venaient étaient toutes dûment inscrites au registre de la police et qu’il serait très heureux d’y recevoir Chvéïk le plus tôt possible.

Seule, la compagne du portier n’était pas contente. Elle crut de son devoir de proférer à l’adresse de Chvéïk plusieurs expressions choisies, dont la moins pittoresque était celle-ci :

— Espèce de pontife de curé, va !

Après le départ des intrus, Chvéïk voulait remettre tout en ordre avec l’aide de Mme Muller, et il alla à la cuisine pour l’appeler. Mais il n’y trouva