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Chvéïk ; est-ce un chien de race que vous voulez ou un simple cabot de rue ?

— Je crois, fit Bretschneider, que je me déciderai pour une bête de race.

— Et un chien policier, ça ne ferait pas votre affaire ? demanda Chvéïk ; je veux dire un chien qui déniche tout et qui vous trouve votre malfaiteur en cinq minutes au plus tard ? J’en connais un qui est épatant, il appartient à un boucher de Verchovice. Voilà encore un chien qui, comme on dit, a manqué sa vocation.

— Je voudrais plutôt un griffon, répondit Bretschneider avec une calme obstination, un griffon qui ne morde pas.

— C’est-il un griffon édenté que vous désirez ? demanda Chvéïk, j’en connais un. Il appartient à un bistro de Dejvice.

— Dans ce cas, j’aime mieux un ratier, alors, riposta Bretschneider dont les connaissances cynologiques étaient plutôt vagues, car il ne s’intéressait tant aux chiens que par ordre de ses supérieurs.

Mais cet ordre était net, précis et vigoureux : sous prétexte d’acheter des chiens, on lui avait prescrit de se lier intimement avec Chvéïk pour arriver à « l’avoir ». Dans ce dessein, il avait le droit de chercher librement des acolytes, et il pouvait disposer de certaines sommes pour l’achat de chiens.

— Il y a de gros ratiers et il y en a de petits, dit Chvéïk, je sais où en trouver deux petits et trois gros. Tous les cinq sont bien sages et ils se laissent tranquillement prendre sur les genoux. Je peux vous les recommander chaleureusement.