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violon » veut dire « cellule », et c’est pas si terrible que ça.

— Faudra pas être trop encombrant ici, toi, hein ? dit l’agent qui l’avait accompagné au poste.

— Ah ! je suis très modeste, moi, répliqua Chvéïk. Je vous serai très reconnaissant de tout ce que vous voudrez bien faire pour moi.

Dans la cellule il y avait un homme assis sur le lit. À son air apathique on voyait bien qu’il n’avait pas cru, quand la serrure grinça, qu’on venait le chercher.

— Mes compliments, honoré M’sieur, dit Chvéïk en s’asseyant à côté de lui sur le lit ; vous ne pourriez pas me dire l’heure qu’il est ?

— Il n’y a plus d’heure qui sonne pour moi, répondit le prisonnier à l’allure mélancolique.

— On n’est pas si mal que ça ici, reprit Chvéïk ; le ressort du lit m’a l’air en excellent bois.

Le personnage triste ne répondit pas. Il se leva et se mit à arpenter à pas rapides l’espace du lit à la porte, se hâtant comme s’il s’agissait de sauver quelqu’un.

Entre temps, Chvéïk examinait avec intérêt diverses inscriptions charbonnées sur les murs. Il y en avait une par laquelle un prisonnier inconnu annonçait aux policiers une lutte à mort. Elle disait dans un style lapidaire : « Vous trinquerez ! » Un autre prisonnier proclamait : « Des vaches comme vous, je les envoie paître ! » Un autre se bornait à constater : « J’ai passé ici le 5 juin 1913 et tout le monde s’est conduit convenablement envers moi. Joseph Maretchek, négociant à Verchovice ». Un peu plus haut, on lisait une inscription émouvante : « Dieu de miséricorde,