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— Au régiment, dit Chvéïk d’un ton solennel et fier, j’ai été reconnu par les médecins militaires comme étant un crétin notoire.

— Je crois que vous êtes plutôt un simulateur, cria l’autre médecin.

— Moi, messieurs, déclara Chvéïk en guise de défense, je ne simule rien du tout, je suis véritablement idiot et, si vous ne voulez pas me croire, informez-vous à Budejovice, chez mes chefs du régiment ou bien au bureau militaire de Karlin.

Le plus vieux des médecins fit un geste vague, puis montrant du doigt Chvéïk aux infirmiers, ordonna :

— Vous rendrez à cet homme ses vêtements et vous le conduirez à la troisième section, dans le corridor, puis l’un de vous reviendra ici et prendra les documents pour les remettre au bureau.

Une fois de plus les médecins foudroyèrent du regard Chvéïk qui se retirait à reculons, ne cessant de s’incliner avec la plus grande déférence. À l’un des infirmiers, qui lui demandait pourquoi il se retirait de la sorte, Chvéïk répliqua :

— Parce que, n’est-ce pas, dit-il, je ne suis pas habillé ; vous me voyez donc tout nu, et je ne voudrais montrer à ces messieurs rien qui pourrait les choquer et leur faire croire que je suis un impoli ou un dégoûtant.

À partir du moment où les infirmiers reçurent l’ordre de rendre à Chvéïk ses vêtements, ils ne s’occupèrent plus de lui. Ils lui ordonnèrent de s’habiller et l’un deux le conduisit à la troisième section où il dut attendre l’ordre écrit de sa mise à la porte et eut largement le temps d’observer la