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l’un d’eux. Et pourriez-vous nous chanter une chanson quelconque ?

— Bien sûr, messieurs, répondit Chvéïk. Mais ce sera bien pour vous faire plaisir, vous savez, parce que moi, autrement, je ne suis ni chanteur, ni musicien.

Et Chvéïk entonna :

À quoi rêve ce moine dans sa chaise,
pourquoi n’est-il pas tout à fait à son aise ?
Que signifient les larmes qui coulent de sa face
et, brûlantes, y laissent d’ineffaçables traces ?

— Il y en a plusieurs couplets, mais je ne connais que celui-là, déclara Chvéïk, ayant fini de chanter. Mais si vous voulez, je vais vous chanter autre chose.

Ah ! qu’il est triste mon cœur,
tandis que ma poitrine se soulève de douleur
et tandis que je regarde, silencieux, l’horizon
là-bas, là-bas, où tous mes désirs s’en vont…

— La chanson continue, mais c’est tout ce que j’en sais, soupira Chvéïk. Maintenant, je connais encore le premier couplet de Où est ma Patrie ? puis Le Général Windischgraetz et les autres commandants ont commencé la bataille au soleil levant, et encore quelques chansons du même genre, comme Dieu garde notre Empereur et notre patrie, Lorsqu’on allait à Jaromer et Salut, ô Sainte Vierge, mille saluts !…

Les médecins se regardèrent un moment, puis l’un d’eux demanda à Chvéïk :

— Votre état mental a-t-il déjà été examiné ?